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Accueil des réfugiés ukrainiens : des relations globalement fluides entre collectivités urbaines et préfectures

25/03/2022

Le 22 mars 2022, la cellule interministérielle de crise dédiée à l’accueil des déplacés en provenance d’Ukraine s’est réunie sous la présidence du Premier ministre Jean Castex.

Le 22 mars 2022, la cellule interministérielle de crise (CIC) dédiée à l’accueil des déplacés en provenance d’Ukraine s’est réunie sous la présidence du Premier ministre Jean Castex, aux côtés de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, de Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur chargée de la citoyenneté et de Joël Giraud, ministre de la Cohésion des territoires. A l’issue de ce comité, les associations d’élus étaient conviées à un point d’information et d’échanges : France urbaine était représentée par Catherine Vautrin, ancienne ministre, présidente du Grand Reims et co-présidente de sa commission « Aménagement urbain, logement et lutte contre l’habitat indigne ». Par ailleurs, France urbaine a échangé, le 24 mars, avec les Directeurs généraux des services de l’association pour recueillir des retours d’expériences.
 
Ce deuxième échange avec les associations d’élus a été l’occasion de revenir sur les enjeux d’accueil et d’hébergement dans les territoires. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, la France a accueilli 25 909 déplacés ukrainiens sur son territoire. 10 523 autorisations provisoires de séjour (APS) ont été délivrés, avec l’ouverture de 3 500 dossiers d’allocations pour demandeurs d’asile (ADA).  88 000 places d’hébergement ont été identifiées par les préfectures.
Des autorisations provisoires de travail (conséquences administratives de l’APS) sont en train d’être instruites pour permettre aux déplacés d’accéder rapidement au marché du travail, les femmes, y compris celles accompagnées d’enfants souhaitant pouvoir rapidement exercer leur profession d’origine. Une instruction signée du ministère du Travail va bientôt être diffusée.

Des relations fluides avec les préfectures

Les liens et échanges entre les collectivités locales et les préfets sont efficaces et se déroulent de manière générale en transparence et confiance. La Foire aux Questions diffusée lundi par le ministère de la cohésion des territoires a été reçue favorablement par les élus et techniciens même s’il demeure encore des questions sans réponses (non-validité du permis de conduire ukrainien, assurance des enfants pour les sorties scolaires ou les activités sportives, vaccination des personnes et des enfants…).
Catherine Vautrin a souligné qu’à Reims, les initiatives individuelles étaient nombreuses mais que la ville et l’agglomération veillaient à en informer systématiquement préfet et sous-préfets. Il émerge en effet la nécessité d’expertiser la qualité et la nature des hébergements citoyens pour éviter malentendus et frustrations réciproques. La sécurité des jeunes femmes et le respect dû aux familles déplacées sont des éléments importants

L’enjeu de la répartition territoriale des déplacés

La question de la répartition territoriale des déplacés est revenue à plusieurs reprises avec le souhait partagé par l’ensemble des acteurs d’éviter l’afflux de personnes et familles dans les zones tendues, ce qui s’observe encore en région parisienne, à Strasbourg ou Nice.
La direction générale des étrangers en France (DGEF) a fait savoir que les personnes réceptionnées dans les hubs parisiens avaient vocation à être redirigées vers la région Bretagne tandis que celles  dans les hubs de Provence-Alpes-Côte-d’Azur seraient réorientées vers la région Occitanie, dans une recherche des meilleurs appariements. Plusieurs structures ou organismes associatifs ont déjà été agréés, à l’instar de Habitat et humanisme à Lyon pour l’intermédiation locative.

Des échanges riches avec les Directeurs généraux des services de France urbaine

Une trentaine de participants, Directeurs généraux des services ou collaborateurs issus d’une vingtaine de grandes villes et métropoles se sont réunis le 24 mars 2022 en visioconférence pour faire un point de situation quant à l’accueil des déplacés ukrainiens sur les territoires.  Il est ressorti que les modalités d’hébergement des réfugiés sont majoritairement pilotées par l’État, tandis que les collectivités facilitent l’appariement des logements et développent des initiatives pour favoriser l’insertion des réfugiés (interprétariat, cours de langue, formalités administratives, scolarisation des enfants, transports, services sociaux, bilan de santé et de compétences…).
Plusieurs points de vigilance ont émergé notamment en ce qui concerne la santé :

  • apparition de cas de tuberculose d’où la nécessité de reprendre le processus de vaccination :
  • traumatismes psychologiques à accompagner en particulier chez les enfants ;
  • Campagne de vaccination contre la Covid-19 à organiser alors que la plupart des populations ukrainiennes ont été vaccinées avec les vaccins chinois ou russe.

La question de l’expertise des hébergements citoyens est revenue à plusieurs reprises : d’aucuns demandent la production d’extraits de casier judiciaire pour s’assurer de la fiabilité et de l’équilibre des familles et personnes accueillantes.

L’idée d’une juste répartition des réfugiés sur les territoires est apparue, avec des convergences et synergies à inventer entre grandes villes et métropoles, villes moyennes et territoires ruraux. Il est apparu également qu’il serait difficile de diriger de force des familles vers des territoires en dehors des flux de transport et des zones d’activité économique. La prise en compte de la volonté des familles de se rapprocher de proches est un élément à prendre en compte, notamment pour les personnes souhaitant se rapprocher de diasporas déjà installées en France, comme à Montpellier.