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Santé
Solidarités

France urbaine se penche sur le concept de "santé sociale"

13/04/2022

Longtemps cloisonnés, les champs du sanitaire et du social doivent être davantage articulés.

La commission « Santé » de France urbaine s’est réunie le 6 avril 2022 en visioconférence, sous la co-présidence de Grégory Doucet, Maire de Lyon et d’Emile-Roger Lombertie, Maire de Limoges. L’occasion de revenir sur la situation sanitaire et les scénarios de l’Organisation Mondiale de Santé et d’ouvrir des échanges avec Nicolas Duvoux, président du Comité scientifique du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion (CNLE) et Nadège Vezinat, professeure des universités en sociologie à l'Université Paris 8 sur les enjeux de santé sociale et solidaire.

Une reprise épidémique sous contrôle

La première partie de la réunion a été consacrée au rebond épidémique que l’on observe en France depuis fin février 2022, avec la forte contagiosité du sous-variant BA.2. En moyenne, ce sont plus de 150 000 infections journalières qui sont enregistrées par Santé Publique France. L’épidémie de grippe ajoutée aux contaminations de Covid-19 a fait augmenter les admissions en soins critiques dans les hôpitaux, sans pour autant déstabiliser les services. Le relâchement des gestes barrière dans la population, avec la fin de l’obligation du port du masque (hors transports publics et services de santé) a été pointé, alors que le contrôle de l’épidémie dans les pays du tiers monde reste un sujet pour l’instant peu abordé. Des préoccupations liées à la condition de déplacés ukrainiens vaccinés avec des vaccins russes ou chinois ont été aussi exprimées, alors que plusieurs enfants présenteraient des symptômes de tuberculose. Plusieurs élus ont insisté pour que les vaccins à l’attention des enfants contre la tuberculose et le Covid-19 soient administrés avant les trois mois réglementaires.

Les trois scénarios de l’OMS

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié, le 30 mars 2022, une étude relative à trois scénarios sur la suite de la pandémie de Covid-19. Si l’un d’entre eux présente l’hypothèse d’un variant plus contagieux et virulent, ce n’est pas le scénario le plus plausible à ce stade.
 
  • Scénario 1 : un virus moins virulent. Ce scénario le plus probable est aussi le plus rassurant. L’OMS a présenté une baisse graduelle de la gravité du virus, notamment grâce à une immunité collective plus importante liée à la vaccination…et aux infections.
  • Scénario 2 : plusieurs variants mais moins dangereux. De nouveaux pics d’infection pourraient apparaître lorsque l’immunité baissera, nécessitant des rappels de vaccination pour les personnes les plus vulnérables. Cependant, les nouveaux pics d'infection pourraient être moins virulents. « Dans le meilleur des cas, nous verrions des variants moins sévères émerger et il n’y aura pas besoin de nouvelles formules de dose de rappel et de vaccins », a expliqué le directeur général de l’OMS.
  • Scénario 3 : un nouveau variant plus virulent. L’OMS n’a pas exclu une version alarmiste et inquiétante, avec un virus plus virulent et transmissible. Face à cette nouvelle menace, la protection des populations (grâce à une précédente vaccination ou une infection) contre les formes sévères de la maladie ou le décès se réduirait rapidement. Un scénario qui impliquerait une modification des vaccins existants et de nouvelles phases de recherche pour s’adapter aux séquençages.

Une nouvelle approche de la santé à promouvoir

La seconde partie de la réunion a été consacrée à une présentation de Nicolas Duvoux, président du Comité scientifique du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion (CNLE) et Nadège Vezinat, professeure des universités en sociologie à l'Université Paris 8 sur le thème de la prévention, des déserts médicaux et de la santé sociale et solidaire.
 
Pointant le déficit chronique d’attractivité des métiers de la santé, les deux chercheurs ont souligné l’urgence de repenser les nouveaux métiers, notamment celui de sage-femme. Les approches en santé globale et environnementale, les démarches d’urbanisme opérationnel et l’identification des déterminants structurants de santé ont été sujets à de riches discussions avec les membres de la commission « Santé » de France urbaine. L’impératif de formation des élus sur ces problématiques a été souligné.
 
Insistant sur l’importance de sortir des fonctionnements en silos et de mieux appréhender les complexités sociales et sanitaires, les deux universitaires ont mis en avant les indispensables transversalités et coordinations entre acteurs locaux et nationaux. Apprentissage de l’alimentation, médecine communautaire et accès aux soins pour tous, enjeux d’accueil et de proximité, santé mentale et psychologique, place de la nature en ville, enjeux d’égalité/équité, de qualité de l’air et de l’eau, de mobilités et de transports… autant de sujets abordés qui ont suscité de riches échanges.