Share
3 questions à...
Sport

Jean-Pierre Siutat et Roselyne Bienvenu : « Les métropoles auront une place prépondérante dans le rayonnement des politiques sportives de demain »

19/05/2022

Jean-Pierre Siutat, Président de la FFBB, et Roselyne Bienvenu, co-présidente de la commission "Sport", ont accordé un entretien à France urbaine HEBDO.

A l'occasion de la signature de la convention de partenariat entre France urbaine et la Fédération Française de BasketBall le 19 mai 2022, Jean-Pierre Siutat, Président de la Fédération Française de BasketBall et Roselyne Bienvenu, Vice-présidente d'Angers-Loire-Métropole et co-présidente de la commission "Sport" de France urbaine présentent les enjeux et les objectifs de cette initiative. Entretien croisé. 

La Fédération Française de BasketBall et France urbaine ont signé le 19 mai 2022 une convention de partenariat. En quoi ce partenariat est-il utile ?

Jean-Pierre Siutat : Notre fédération déploie son Projet Sportif Fédéral sur les territoires pour l’Olympiade en cours, avec comme point d’orgue, les Jeux de Paris 2024. Nos deux disciplines olympiques (basket 5x5 et 3x3) se développent partout en France, notamment dans les territoires urbains pour le 3x3, au travers d’une culture urbaine qui nous encourage à rénover les « playgrounds » et à promouvoir de nouveaux évènements dans l’espace urbain. Le basket 5x5 est, quant à lui, déjà bien implanté dans la plupart des grandes villes.
Vous le savez, les collectivités sont nos premiers partenaires publics grâce à leur soutien financier et la propriété des équipements sportifs. La compétence sportive des Métropoles est en pleine mutation et elles auront une place centrale dans le rayonnement des politiques sportives de demain tant dans le domaine du haut niveau, des grands équipements sportifs, des grands évènements que sur le soutien de la pratique sportive au quotidien sur leur territoire.
Les Jeux sont un accélérateur, nos relations étroites avec France urbaine depuis quelques années, sont naturelles et indispensables pour croiser notre politique fédérale avec les politiques locales des grandes agglomérations et métropoles.

Roselyne Bienvenu : Cette convention de partenariat est la deuxième signée par France urbaine avec une Fédération, après celle signée avec la Fédération Française d’Athlétisme en mars dernier. Cette démarche est utile, pertinente et innovante. Elle traduit d’abord très concrètement la volonté réciproque et les ambitions partagées des élus des grandes villes, agglomérations et métropoles et des dirigeants de fédérations sportives autour de la nouvelle gouvernance du sport. Cela donne corps à la nouvelle politique sportive française à laquelle nous sommes parties prenantes, aux côtés des acteurs économiques et sociaux. Aujourd’hui, les collectivités locales jouent un rôle essentiel aux côtés de l’Etat et des fédérations. Par cette convention, les élus urbains font part de leurs ambitions politiques en matière de sport. Ils participent également à renforcer, inciter et valoriser les projets sportifs territoriaux engagés. Le BasketBall, dans sa pratique traditionnelle ou nouvelle, est au cœur de ces projets car c’est un sport très répandu dans nos villes, en salle et en plein air.
 
La pratique du BasketBall 3x3 se développe à vitesse grand V dans les villes. Est-ce une pratique urbaine du BasketBall sur laquelle la Fédération mise ?

R-B : Absolument. Les playgrounds se développent dans les grandes villes, agglomérations et métropoles et nous sommes très attentifs et ouverts aux attentes de nos concitoyens et à l’émergence de nouvelles pratiques sportives en milieu urbain. Le Basketball 3x3 en fait partie. La FFBB a été une Fédération pionnière et innovante pour appréhender, accompagner et valoriser cette nouvelle pratique de la discipline, libre et spontanée. Ce sera d’ailleurs une discipline olympique à part entière en 2024 ! Avec le plan d’action « 5000 terrains de sport » et 250 millions d’euros alloués par l’Etat, en partie financé par les collectivités, le BasketBall 3x3 prend de l’essor et nous nous en félicitons car cela répond aux attentes des jeunes. Nos villes s’adaptent à la pratique sportive du XXIe siècle, en lien avec les fédérations, qui sont les garantes de l’organisation du sport en France.

J-P. S : En juin 2017, le basket 3x3 est intégré dans le programme olympique et la fédération fait le choix de maitriser le développement de cette nouvelle activité au sein de son écosystème. Il s’agit d’une pratique conviviale et libre qui évolue, depuis de nombreuses années, sous l’impulsion des « joueurs de rue » dans un premier temps, puis en se structurant au sein de notre fédération avec des compétitions nationales et internationales.
Le basket 3x3 repose sur une conception moderne, jeune et fun, en adéquation avec les aspirations d’un public à la recherche d’un sport spectaculaire, peu contraignant puisqu’en gestion autonome et adapté à tous les niveaux.
Bien évidemment, il s’agit d’une opportunité pour le Basket français. Cela répond à notre volonté de diversifier nos activités pour répondre ainsi à la demande d’une communauté dont les aspirations changent.
Pour soutenir son développement, la fédération a, par ailleurs, mis en place un programme de développement des terrains de proximité avec un fonds fédéral à disposition des collectivités locales, porteuses de projet. Cela permet d’accueillir la discipline en extérieur (Plan Infra 2024) sans encombrer plus encore les gymnases.

Jean-Pierre Siutat, vous êtes Président de La Fédération Française de BasketBall depuis 2010. Quel bilan tirez-vous de ces années et quelles sont vos priorités dans les prochains mois ? 

J-P. S : Suite à l’attribution des JOP 2024 en 2017, la fédération a fait le constat suivant : le contexte du sport français a considérablement évolué. Ubérisation du sport, perte ou stagnation des licenciés au sein des fédérations, baisse des financements publics, réforme territoriale, nouvelle gouvernance du sport sont autant de facteurs à prendre en compte pour construire l’avenir. Au-delà, la fédération a fait face au développement d’une offre de pratique « hors dispositif fédéral » avec de nouveaux acteurs, notamment dans le domaine de l’évènementiel, ce qui nous amène à entrer, de plein pied, dans le champ concurrentiel, voire dans le secteur marchand, et à revoir nos offres pour se réinventer. La crise pandémique liée au Covid-19 a également considérablement impacté le monde du sport et a aussi fragilisé notre développement.
 
Dans ce contexte et afin de préparer le basket français à l’après 2024, la fédération propose au sein de son Projet Sportif Fédéral, en complément des activités traditionnelles qui progressent annuellement, un projet qui comporte différents plans : plan Formation et Emploi 2024, plan Infra 2024, plan Innovation 2024, plan société et mixités 2024, plan Territoires 2024, etc... respectant l’esprit suivant : « Moderniser nos offres et accepter de rentrer dans le champ concurrentiel ».
La nouvelle olympiade 2021-2024 avec, en ligne de mire, les JOP de Paris 2024, visera à proposer une commande politique actualisée autour de trois axes : la performance, programmer la préparation de nos équipes de France (5x5 et 3x3) sur les territoires, notamment au sein des grandes villes qui disposent d’installations adaptées et de la capacité d’accueil de grands évènements sportifs, la modernisation de notre réseau avec, entre autre, l’implantation de nouvelles plateformes de services type « Hoops Factory », que la fédération a rachetées en décembre 2020, et l’animation des territoires en s’appuyant notamment sur l’ouverture des terrains de proximité.

Roselyne Bienvenu, vous êtes co-présidente de la commission « Sport » de France urbaine. Quelles sont les priorités de votre feuille de route ?  

R-B : La commission "Sport" de France urbaine est née en 2018, au moment où la nouvelle gouvernance du sport était redessinée. En quelques années, elle s’est affirmée comme un espace de mutualisation et d’échanges, mais aussi comme une instance en mesure de contribuer au débat national et d’interpeller les pouvoirs publics. Avec Pierre Rabadan et les élus de la commission, nous avons défini plusieurs axes de travail structurants pour les mois à venir. Nous souhaitons tout d’abord que le sport soit un vecteur davantage perçu et utilisé comme vecteur de cohésion sociale, d’intégration, d’égalité des chances et d’éducation. C’est aussi un outil pour lutter contre la sédentarité des jeunes. Les enjeux liés au développement du sport-santé, du sport-handicap, de la promotion de la pratique sportive féminine et du sport durable et responsable sont également au cœur de notre projet. Enfin, le sport fait avancer l’intercommunalité. Il prône et renforce la coopération et la solidarité territoriale. C’est un formidable vecteur de promotion de l’Alliance des territoires, chère à France urbaine. De nombreux chantiers sont ouverts. A deux ans des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, nous sommes ambitieux et déterminés à aller plus loin.