Johanna Rolland : « Donnons un nouveau souffle à la politique de la ville »

Le 12 septembre 2022, la Présidente de France urbaine était invitée des Journées de l’ANRU « Construire les quartiers de demain ».
Le 12 septembre 2022, Johanna Rolland, Présidente de France urbaine, Maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole est intervenue lors de la plénière des Journées de l’Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) sur le thème « Construire ensemble les quartiers de demain ».
Être efficace, c’est « penser global »
Après avoir salué la nomination de Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims à la présidence du Conseil d’administration de l’ANRU, Johanna Rolland a tout d’abord présenté l’ambition forte de Nantes Métropole en matière de renouvellement urbain avec un investissement de plus de 650 millions d’euros pour les 4 projets portés avec ses partenaires, dont l’ANRU. « La politique de la Ville, par essence, c’est la mobilisation de tous les moyens et donc de toutes les politiques publiques pour apporter des réponses concrètes aux besoins et améliorer durablement le quotidien des habitants en partant de leurs attentes », a déclaré Johanna Rolland. Et d’ajouter : »La politique de la ville, c’est penser global. Cela passe par une réflexion et une combinaison d’intervention sur le logement et l’habitat mais aussi sur le quotidien, la sécurité et la tranquillité publique, la propreté, les transitions, la qualité et l’animation des espaces publics, la culture, l’emploi, la présence du service public, l’éducation, la jeunesse, le cadre de vie ».
Quartiers populaires : France urbaine entend lutter contre le sentiment d’abandon
Si la transition écologique est au cœur du projet de France urbaine, l’association rappelle que le droit à la tranquillité publique et l’accès à l’emploi sont les premières préoccupations des habitants des quartiers de la politique de la ville. Dans notre pays, 6 millions d’habitants vivent dans environ 1 500 quartiers populaires. « Nous ne pouvons pas nous résigner à cette situation, c’est une bataille de chaque instant qui doit mobiliser l’ensemble des forces vives et des pouvoirs publics » a rappelé la Présidente de France urbaine.
Le 8 septembre dernier, lors du Conseil National de la Refondation, la Présidente de France urbaine Johanna Rolland a regretté l'absence des questions de lutte contre les inégalités et la précarité parmi les chantiers prioritaires fixés par le Gouvernement : « Il faut mettre nos quartiers dans des dynamiques positives, des dynamiques d’avenir afin d’y améliorer les conditions de vie. Je crois que la transition écologique peut être un formidable vecteur d’amélioration de la qualité de vie des habitants des quartiers » a insisté Johanna Rolland.

Johanna Rolland, Présidente de France urbaine, invitée des Journées de l’ANRU « Construire les quartiers de demain »
Pour une transition écologique ET sociale
Pour France urbaine, il est indispensable de construire la transition écologique dans la perspective de renforcer également la cohésion sociale, de réduire les inégalités sociales et d’offrir des alternatives sérieuses et structurées pour ne laisser personne sur le bord du chemin. Le message de Johanna Rolland est clair : « Les habitants des quartiers, qui figurent parmi les plus fragiles et précaires de nos concitoyens, sont les premières victimes de l’urgence climatique alors même qu’ils en sont les moins responsables. »
Pour illustrer son propos, Johanna Rolland a pris l’exemple des réseaux de chaleur, qui ont à la fois un intérêt d’économie et d’écologie : sur un appartement moyen dans un des réseaux de Nantes Métropole, la facture annuelle y est cette année de 630 €, quand elle serait de 940 € avec un contrat classique gaz. Aujourd’hui, près de 40 000 logements sont raccordés à la métropole, dont plus de 24 000 logements sociaux, soit 35 % du total. Nantes Métropole compte 148 km de réseau, alimentés par 74 % d’énergies renouvelables, qui évitent annuellement 65 000 tonnes d’émission de CO2.
Donner un nouveau élan aux politiques de cohésion sociale et urbaine
La Présidente de France urbaine a conclu son intervention en déclarant : « La politique de la ville a besoin d’un nouveau souffle. Elle a besoin d’être réenchantée et de se réinventer en faisant davantage confiance aux collectivités locales, dans le cadre d’un dialogue renouvelé avec l’Etat. »
C’est la raison pour laquelle France urbaine estime qu’à l’instar de la délégation des aides à la pierre qui fonctionne bien en matière d’habitat, les grandes villes, agglomérations et métropoles pourraient gérer demain, en direct, une partie des crédits de la politique de la ville (ceux du BOP 147), notamment ceux, stratégiques de la réussite éducative et de la prévention de la délinquance. Ce serait un signal fort de confiance adressé aux collectivités qui sont engagées au quotidien auprès des populations des quartiers dit sensibles.
Un contexte inflationniste à gérer
Par ailleurs, France urbaine attire l’attention du gouvernement sur les coûts des futures opérations ANRU qui risquent d’augmenter considérablement avec la flambée des prix des matériaux et des matières premières. Si la plupart des conventions ont été signées avec les collectivités depuis plusieurs années dans le cadre du NPNRU, l’ANRU aura à gérer dans les prochains mois le contexte inflationniste, avec l’augmentation rapide des prix de l’énergie et ce, alors que les contraintes budgétaires des collectivités sont de plus en plus fortes et que la santé financière des villes et intercommunalités s’est dégradée ces derniers mois.
Les nouvelles réglementations thermiques bienvenues par ailleurs (type RE 2020) et les contraintes liées au réchauffement climatique avec la montée en puissance des énergies renouvelables aggraveront la facture. France urbaine appelle à un « new deal » dans les prochains mois avec l’ensemble des parties prenantes pour faire converger cohésion sociale et urbaine et transition écologique et énergétique, avec les moyens afférents.
Sanctuariser et territorialiser les crédits d’Action Logement
France urbaine attend de l’Etat qu’il respecte sa parole donnée en 2021, par la voix du Premier ministre Jean Castex, sur la sanctuarisation des crédits des partenaires sociaux d’Action Logement qui bénéficient aux chantiers ANRU. Si Action Logement gagnerait à prendre davantage en compte les spécificités des territoires, envisager une ponction de ces crédits par l’Etat au détriment de la rénovation urbaine serait un très mauvais message adressé aux professionnels et acteurs des politiques du logement social et de la ville.