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Solidarités

Lutte contre le sans-abrisme : les métropoles en première ligne

21/12/2022

Le groupe de travail « Logement d’abord et lutte contre le sans-abrisme » a tenu sa première réunion en présence de plus d’une quarantaine d’élus et cadres territoriaux.

Co-présidé par Renaud Payre, Vice-président de la Métropole de Lyon, et Antony Borré, premier adjoint au Maire de Nice et Vice-président de la Métropole Nice Cote d'Azur, le groupe de travail a tenu sa première réunion le 15 décembre 2022, en présence de plus d’une quarantaine d’élus et techniciens en charge de l’habitat et des solidarités. Cette première réunion a permis de revenir sur les résultats d’une enquête lancée par France urbaine auprès de ses adhérents sur les politiques locales de lutte contre le sans-abrisme.

L’enquête, initiée par France urbaine à l’été 2022, a permis de recueillir de nombreux témoignages de collectivités mobilisées dès 2018, à l’occasion du premier appel à manifestation d’intérêt lancé par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL). 33 réponses ont été compilées au questionnaire, y compris de collectivités qui ont fait le choix, pour diverses raisons, de ne pas répondre aux appels à manifestation d’intérêt de la DIHAL en 2018 puis 2021.

Des dépenses de fonctionnement importantes

Même si l’hébergement d’urgence reste une compétence qui relève de l’Etat, des dépenses importantes de fonctionnement sont mobilisées par les collectivités dans leurs politiques de lutte contre le sans-abrisme. Quatre métropoles (Lille, Strasbourg, Lyon et Rennes) dépensent entre 1 et 2 millions d’euros annuels pour leur politique d’aide aux personnes à la rue. A noter que la Métropole de Lyon est la plus engagée, avec 2 millions d’euros. Les métropoles de Nice, Montpellier, Toulouse, Grenoble et Nancy sont également très investies financièrement de même que les villes de Paris, Villeurbanne et Tours.

Des actions diverses, une mobilisation de tous les instants

Outre le financement de Prêts Locatifs Aidés d'Intégration (PLAI) adaptés, les collectivités urbaines assurent un soutien aux pensions de famille, résidences d’accueil et centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), afin d’offrir des logements abordables pour les plus vulnérables. Elles sont aussi actives pour capter le parc privé de logements dans le cadre des opérations d’intermédiation locative (IML), en lien avec les agences immobilières à vocation sociale (AIVS), tout en recherchant des solutions innovantes comme le logement intercalaire.
 
Engagées dans la lutte contre les marchands de sommeil et l’habitat indigne, les grandes villes et métropoles travaillent en lien étroit avec les services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO) dont certaines ont intégré la gouvernance. A l’origine des Nuits de la solidarité, elles sont aussi parties prenantes dans la politique de prévention des expulsions (CAPEX) et de résorption des bidonvilles, avec l’expérimentation, dans plusieurs collectivités, d’un service public de la rue au logement (SPRULO), comme à Nancy.

En plus des soutiens apportés aux équipes mobiles pluridisciplinaires, les collectivités membres de France urbaine sont également très souvent signataires de contrats territoriaux d’accueil et d’intégration (CTAI) avec la Délégation interministérielle d’accueil et d’intégration des réfugiés (DIAIR). A l’instar de Clermont-Ferrand ou Tours, le travail est étroit avec les conseils départementaux, autour des Plans départementaux d'action pour le logement des personnes défavorisées (PDALPD) mais aussi des plans de lutte contre les pauvretés.

Les associations et acteurs sociaux des solidarités, acteurs incontournables

De l’avis des collectivités interrogées, le rôle des associations et acteurs sociaux des solidarités est précieux. A la Métropole Européenne de Lille (MEL), les associations participent au comité de pilotage du Logement d’abord. Beaucoup de collectivités répondantes estiment que les associations devraient être davantage associées à la stratégie globale du Logement d’abord.
 
Préparation des personnes à l’entrée dans les lieux, accompagnement vers et dans le logement (AVDL), suivi psychologique et thérapeutique, santé mentale, éducation canine, promotion de parcours résidentiels : les associations sont sur tous les fronts des fractures sociales. A Toulouse, le Centre communal d’Action Sociale (CCAS) réalise une enquête annuelle sur les sans-abris, qui permet une connaissance fine des publics et de leurs besoins. A cet égard, la production de données et de connaissances stabilisées a été identifiée comme un sujet central pour les élus et techniciens, sachant que certaines agences d’urbanisme réalisent déjà un travail de collecte d’informations. A la métropole de Lyon, un observatoire du sans-abrisme va être créé.

Favoriser l’acculturation et la coordination des acteurs 

Dans un domaine où les intervenants et opérateurs sont nombreux, la transversalité au service de la convergence des politiques publiques est un objectif qui se heurte parfois à des obstacles. Le renforcement des liens entre sphère sociale et médico-sociale est ainsi de plus en plus nécessaire pour être efficaces sur le terrain. Les initiatives sont pourtant nombreuses pour sortir des silos : formations pour les agents territoriaux, temps d’information et de sensibilisation animés par les Services Intégrés de l'Accueil et de l'Orientation (SIAO), colloques, voyages d’étude, forums du Logement d’abord à l’Eurométropole de Strasbourg, recherche-actions sur le sans-abrisme à la Métropole du Grand Nancy, formation à l’accompagnement Housing first à Paris. L’accompagnement au changement des pratiques professionnelles du secteur est actif tant à Paris qu’à la Métropole Nice Côte d’Azur où le Logement d’abord est vu comme un vecteur d’évolution positive, à même de sortir des prés carrés de chacun.
 
A Bruxelles, Renaud Payre a récemment rencontré le Commissaire européen Nicolas Schmit, responsable de l'emploi et des droits sociaux et chargé de renforcer la dimension sociale de l'Union européenne. La présidence espagnole de l'Union européenne au second semestre 2023 peut être l’occasion de pousser ces sujets au sein des instances communautaires, afin que le logement social et abordable pour toutes et tous devienne une cause importante de la mandature européenne 2024-2029.
 
La prochaine réunion du groupe de travail « Logement d’abord » se tiendra le 2 février 2023, en présence de Sylvain Mathieu, délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement (DIHAL), afin de préparer le prochain programme quinquennal Logement d’abord 2023/2027, doté de 44 millions d’euros.